Une visite au Bett 2015

logo_bettAu Bett Show (le salon annuel international des technologies éducatives ou “edtech »), une visite d’une journée expose à toutes sortes d’impressions, allant de l’enthousiasme techno-pédagogique à l’accablement techno-commercial… De plus, il est difficile d’échapper à une vue partielle de ce salon, de taille gigantesque, avec un nombre impressionnant d’exposants, d’orateurs et de visiteurs. Le Bett est un lieu contrasté, démesuré, commercial, — mais aussi stimulant et intelligent. Un déferlement de matériels et de services (avec une douzaine d’entreprises françaises), mais aussi des éducateurs passionnés et passionnants par leurs idées et leurs pratiques.

Du lourd

Au Bett, on peut facilement se sentir submergé par l’ampleur de l’offre : comment choisir, s’il le faut, le meilleur outil pour sa classe ou pour son école ? Les investissements dans les technologies scolaires peuvent être considérables, en argent et en temps de déploiement. Beaucoup d’outils sont redondants et on peut s’inquiéter de leur interoperabilité.
Au Bett, on a trouvé cette année encore les onéreux écrans dits « interactifs » (ils ne peuvent vraiment l’être, cependant, que par les usages, par les pédagogies non frontales), mais aussi les plus accessibles caméras de document (celle de Lumens notamment, avec son socle sans fil et l’application pour iPad : fiable et d’usage très flexible), la gestion des parcs de terminaux mobiles, les imprimantes 3D, Minecraft (désormais sur le stand Microsoft, et fortement mis en avant), etc.

Les « petits exposants »

Au Bett, il y a surtout les « petits » exposants », distribués à la périphérie du salon. On trouve-là quelques passionnés, généralement à la fois entrepreneurs et développeurs. C’est souvent l’occasion de vraies joies pour le bricoleur pédagogue que de s’entretenir avec eux, d’examiner les possibilités d’usages des produits proposés et des améliorations possibles. On peut à cette occasion tisser des liens durables et rendre possibles de stimulantes collaborations.

Quelques découvertes sérendipitines

Projectcampus : plateforme de collaboration et de tutorat autour de projets

J’ai ainsi eu le plaisir de m’entretenir un long moment avec Elger Lambert, Hollandais co-fondateur de projectcampus, « a digital learning environment focused on project-based education ». Cette plateforme d’apprentissage collaboratif favorise les interactions entre étudiants autour de projets (avec un système de statuts différenciés : « owner », « coach », »follower »).
“For teachers this environment changes the way projects are reviewed: instead of reading a final report the teachers can check the project page, see what happened when and grade the whole project, not just a final report”.
Projectcampus a déjà été déployé à TU Delft, à Erasmus university et dans d’autres écoles. Son modèle économique limite à ce jour le déploiement dans les écoles publiques (en clair : c’est trop cher à ce jour), mais cette jeune compagnie entend mieux calibrer son offre.

Imaginality learning : manipulation de réalité augmentée

Ma promenade sérendipitine m’a aussi fait croiser le strand de Imaginality learning (représenté seulement par le distributeur europeen et non pas les développeurs). Ce dispositif de réalité augmentée (uniquement sur Windows, mais des application mobiles sont annoncées) projete et fait interagir des visualisations en 3D sur des  petites palettes, manipulées par les élèves.
The integration of audio and 3D visual components with hand-held paddles allows students to control the 3D images on their computer screen. This increases the levels of engagement, improves memory recall, encourages teamwork or supports self-paced learning. Source.
Un dispositif très stimulant pour l’intégration pédagogique de la réalité augmentée, assez présente au Bett 2015, sans compter les essais de technologies immersives, comme avec l’étonnant Bird, par Muv Interactive.

Des conférences « à l’américaine » (mais ) souvent formidables

Au Bett, il y a bien entendu les grandes conférences de la Bett Arena, (avec des célébrités comme l’excellent Ken Robinson ou l’entreprenant Jimmy Wales de Wikipedia), et de très nombreuses cessions thématiques comme les « School leaders summit » (on y retrouve notamment Steve Wheeler).  Je regrette de ne pas avoir assisté à l’un des TeachMeet, séances informelles de fin de journée, durant lesquelles les enseignants échangent leurs pratiques. leurs innovations pédagogiques et leurs expériences.
Mais il y a aussi, chaque jour, de multiples petites conférences données pas des professionnels et des éducateurs passionnés (notamment durant les « Learn live« ). On y découvre des enseignants proposant des usages intelligents et créatifs, de stratégies  pédagogiques stimulantes.

Alice Keeler, queen du spreadsheet

Cela a été pour moi l’occasion de rencontrer l’infatigable Alice Keeler, auteure du site Teacher Tech et experte des outils GAFE (« Google for Education »). Alice a parlé de ludification (gamification) en pédagogie, et proposé des bricolages étonnants avec un système de suivi et de badges via un tableur en ligne. De nombreuses idées à explorer !
Plaisir de fan après la présentation d’Alice : je suis inopinément tombé sur Richard Byrne, éternel pourvoyeur de bonnes pistes techno-pédagogiques (via son site freetech4teachers.com).

Au revoir et à bientôt

Évidemment, on quitte le Bett Show tout à la fois en surcharge cognitive et avec le sentiment d’avoir manqué nombre de choses… Mais c’est sans regret : cette rivière poissonneuse, dans laquelle chaque coup de filet permet de faire de bonnes prises, coulera sans doute l’an prochain encore.
Et d’ici-là, la rivière poissonneuse de Twitter ne devrait pas se tarir, n’est-ce pas ?

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